Entrée fracassante.

JE M'EXCUSE !

Lagardère tenta ensuite de s'arracher à mon étreinte.

Nos regards se croisèrent. Je le lâchais.

Impossible de discuter sous cette pluie et dans le vent. Je l'agrippais par son manteau gorgé d'eau et rerentrait aussitôt dans la taverne.

Le pauvre, le voir pénétrer dans la taverne en "compagnie" d'une pirate ça risque de peser sur son avenir. peut m'importe !

Les yeux toujours lançant des flammes je reprends.

Parfait vous vous excuser, c'est bien et on fait quoi ?

Vous avez vraiment cru que j'allais faire la peau d'Alex et l'étaler devant ma cheminée. je pensais avoir déjà montré combien je calmais le jeu !

Mais là pour vous c'était l'étincelle qui met le feu à la poudre de Carthagène ?

Quelques secondes de silence.

Je m'excuse aussi.Je ne vous ai pas fait trop mal ?

Alors qu'elle allait répondre à Lulu, Kristal sentit des bras l'entourer et ce qu'elle avait espérer depuis si longtemps arriva. Gahériet était revenu, il était là, juste derrière elle, l'enveloppant de tout son amour.
Elle se retourna et déposa sur ses lèvres en tendre baiser

Mon coeur, j'avais une petite affaire à régler avec Lulu, je sais que j'aurais pu trouver un autre endroit pour cela, mais je t'expliquerai plus tard. Je pense qu'il est temps pour nous de rentrer et de se retrouver enfin seuls.
Si tu le souhaites, nous pouvons aller chez les Loups, mais je te préviens l'ambiance était tout à l'heure assez spéciale car nous avons eu la visite d'Anne, tu la connais n'est ce pas ? Il y a quelques temps, je l'avais invité à passer nous voir, mais je ne pensais pas qu'elle allait réellement le faire. Tu peux aisément deviner que ce fut pas forécement évident, quoique au final ça s'est plutôt bien passé malgrés quelques petits incidents.

En attendant sa réponse, Kristal s'adressa à Lulu
Merci, pour ta veste et ta proposition, mais comme tu vois, Gahériet est là maintenant, il va me raccompagner. J'espère que tu pourras parler calmement à Alex de tout ça et que vous pourrez ainsi vous réconcilier.

Sur ce, Kristal mit son bras autour de la taille de Gahériet et l'entraina dans les rues de Port Louis, que ce soit chez les loups ou dans le batiment du Lys, peu importe l'endroit, l'essentiel était qu'elle passe quelques heures avec lui.

Non... vous ne m'avez pas fait mal, merci.

Dis-je en m'étirant le cou.

Notre entrée n'avait échappé à personne. Sous un silence pesant, l'assemblée nous observait. Je vis un ou l'autre porter la main à la garde, Anne m'ayant quelque peu rudoyé lors de notre entrée. Pour couper court, j'apostrophai Jean :

Jean, auriez-vous l'amabilité de nous apporter deux verres et une bouteille de rhum, je vous prie ?

Puis je m'assis négligemment à la table la plus proche. Tant pis pour ma réputation, je n'allais pas maintenant déclencher une bagarre générale. Je ne savais dire si Anne se joindrait à moi. Sans attendre sa décision, je lui dis :

Ma chère, tout à l'heure le vent a emporté mes paroles. Je voulais vous présenter mes excuses pour mon attitude. J'ai eu peur, je l'avoue, j'ai eu peur que le sang ne coule. Lors de nos deux rencontres, vous m'avez violemment agressé et pratiquement laissé pour mort. Certes les circonstances étaient différentes, mais vous reconnaitrez que j'ai pu avoir quelques doutes sur votre sang-froid. Avec le recul, je sais maintenant que je vous ai sous-estimée.

*sur ce Jean dépose prestement ma commande sur la table, et part sans demander son reste*

Je le regrette, et je vous prie d'accepter un verre en gage de ma bonne foi. Dieu sait où nos routes nous mèneront à l'avenir. Je suis heureux que nous ne quittions pas ce soir sans explication. On sort toujours gagnant à mieux connaître les autres, amis ou ennemis.

J'emplis deux verres, et en tends un à Anne.

Merci.

J'accepte le verre tendu. Cela commence à faire beaucoup, mais refuser le froisserait.

Les regards vers notre table sont encore hostiles et ou curieux.

Comme vous le voyez je suis juste venu voir un verre avec mon a... Avec cet homme. Maintenant si vous voulez que je boive votre sang en prime ça peut se faire !

Le ton était courtois mais ferme. A mon annonce, la plupart des visages se détournent pour ne contempler que leur verre.

Je souris à Lagardère.

Ici, je me vois mal me désarmer pour faire baisser la tension. Ils me sauteraientà la gorge, chez les loups j'avais été invitée et j'ai de l'estime pour eux. Dommage que se soit fini. La soirée s'annonçait pleine de promesses.

Je repense à Charles en disant cela et à la conversation que je n'aurais pas eu avec Kristal. Je m'assois à côté de Lagardère.

Vous risquez d'avoir quelques soucis, je ne vais peut-être pas m'éterniser... pour ce qui est de nos précédentes rencontres si je me rappelle bien vous n'étiez pas dénué d'adresse à l'épée non plus. Vous m'avez même fait peur une fois.

J'avise soudain l'emblème du Lys sur sa veste.

Tiens donc un Lyssois. Gahériet m'en voudrait si je vous faisais du mal. Enfin, en combat en guerre il ne trouverait rien à redire, mais dans une taverne autour d'un verre, cela manque d'élégance et de panache.

Enfin ! Anne ayant accepté mon verre, je pus détendre mes épaules et me laisser choir dans ma chaise. Cette longue soirée avait mis mes nerfs à rude épreuve, et les assauts du vent et de la pluie avaient sévèrement entamé ma résistance, vu ma faible constitution. Au propre comme au figuré, j'étais lessivé.

L'intervention d'Anne auprès de l'assistance me fit sourire. Cette femme a du caractère à revendre, à n'en point douter. J'avais été bien imprudent de m'en approcher et encore plus de la poursuivre, me voilà prévenu.

Puis elle s'assit à mes côtés.

Perdu dans mes pensées, j'avais oublié le verre encore plein que je tenais à la main. J'avais commandé à boire pour calmer les esprits et non par plaisir, mon métier m'imposant la modération. La pratique de la médecine est suffisant délicate que pour la compliquer avec une main tremblante. Mais au regard des évènements du jour, je pouvais bien m'autoriser un petit extra.

- A la votre !

Dis-je à l'adresse de la tigresse. Puis j'avalai d'une traite la lampée de rhum, qui ma foi était de fort bonne facture. L'alcool fort me parcouru l'abdomen et me réchauffa le corps, renforçant le sentiment de bien-être qui avait commencé à m'envahir. Le brouhaha avait repris dans la taverne, bien aidé il est vrai par le vacarme assourdissant de la tempête qui grondait de plus belle à l'extérieur.

- Vous risquez d'avoir quelques soucis, je ne vais peut-être pas m'éterniser... pour ce qui est de nos précédentes rencontres si je me rappelle bien vous n'étiez pas dénué d'adresse à l'épée non plus. Vous m'avez même fait peur une fois.

L'évocation de nos confrontations m'arracha une grimace. Pas seulement pour les douleurs physiques qu'elle me rappelait, mais surtout parce que ces duels prirent cours dans une des périodes les plus difficiles de mon existence.

- Vous avez raison, mieux vaut ne pas s'éterniser. Le lieu n'est pas des plus propices à la discussion, et après tant d'évènements un peu de repos me fera le plus grand bien. J'ai fait assez de bêtises pour aujourd'hui.

Dis-je en lui adressant un sourire. Je posai méticuleusement quelques pièces sur la table pour la bouteille, puis me redressai, reculant délicatement ma chaise. Sous le poids de ma veste imbibée d'eau, celle-ci faillit se renverser. J'agrippai mon vêtement par réflexe, et fus surpris par son poids. L'idée de le remettre sur mes épaules était pénible, mais celle d'affronter l'ouragan dévêtu l'était bien plus. Je l'enfilai d'un geste, me tournai vers Anne prêt à prendre congé lorsqu'elle aperçut la Fleur de Lys qui ornait le revers de mon manteau et me dit :

- Tiens donc un Lyssois. Gahériet m'en voudrait si je vous faisais du mal. Enfin, en combat en guerre il ne trouverait rien à redire, mais dans une taverne autour d'un verre, cela manque d'élégance et de panache.

J'allais de surprise en surprise. Ainsi donc la tigresse connaissait mon capitaine ! Je n'en fus pas particulièrement étonné, après tout j'étais jeune et je n'avais que récemment incorporé le Lys, j'avais donc encore beaucoup de choses à apprendre. Cela me promettait une belle discussion avec Gahériet.

- Je vous le concède. Mon capitaine en serait fort attristé.

Dis-je malicieusement. J'eus soudain des scrupules à l'idée de la précéder et de la laisser seule dans cette taverne hostile, mais je les effaçai bien vite. Elle n'avait besoin de personne pour se défendre, j'en avais assez eu la preuve aujourd'hui. Au contraire, il était temps que je retrouve la raison et que je m'éloigne de cette agréable mais ô combien dangereuse compagnie...

- Madame, je vais suivre votre conseil et vous précéder. Je suis honoré d'avoir fait votre connaissance, cette soirée a été... enrichissante. Notre explication a certes été brève, mais ne fut pas dépourvue d'intérêt. Nul doute que nous nous reverrons. Bon vent !

J'inclinai respectueusement la tête sans la quitter des yeux, puis d'un geste tournai les talons, ouvrit la porte et sans un regard arrière, disparu dans la tempête.

Lagardère était parti sans un regard en arrière. Je me retrouvais seule.

De toute façon, il aurait assez de soucis comme cela. Cela valait mieux pour lui, en revanche ma position devenait plus précaire. Sans mon "alibi" je n'avais plus rien à faire ici. Déjà quelques cliquetis d'armes s'étaient fait entendre. Ce Cyclone nous poussait tous à bout. Je n'avais pas envie de réitérer ici ce qui s'était produit chez les loups et chez les loups j'avais l'assurance qui ne m'auraient pas tous déchirée à belles dents. Ici rien n'était moins sur.

Un Lyssois, au départ de Philou Gahériet m'avait dit devoir examiner de nouvelles candidatures. D'une certaine façon ce jeune homme était son remplaçant. Enfin en terme de nombre pour les qualités cela restait à voir.

Louis Philippe était un stratège, un politicien, un diplomate et un redoutable adversaire. Lagardère était encore tout feu tout flamme, mais il savait reconnaitre ses erreurs, c'est déjà beau.

Un bruit de chaise, quelqu'un s'est levé. Je jette un oeil derrière moi, y mettant tout la persuasion que je peux. Le gaillard se rassoit, il a compris que la tigresse est sur ses gardes, mais je ne vais pas les tenir tous en respect ici durant la nuit durant. Et puis il fautque je dorme, si tout s'apaise demain, je dois me mettre en route.

J'ai à peine touché à mon verre, et comme Lagarère n'est plus là il ne verra pas queje ne l'ai pas fini, plus personne à froisser.

Quel crétin ! me dis-je entre mes dents, il a tout gâché. En même temps c'est moi qui suis partie.

Que ma dit Luun déjà ?

*Vous n'étiez pas obligée de partir. Maintenant,
je puis aussi comprendre que vous le souhaitiez. Toutefois, si jamais
vous avez un jour envie de repasser par ici... Vous savez désormais où
et comment nous trouver. En espérant que cette fois-là, les esprits
seront moins échauffés.*

Kristal sera t'elle vraiment déçue que nous n'ayons pas cette fameuse dscussion. En tout cas ils doivent pouvoir respirer plus tranquilement depuis que j'ai déguerpis du plancher.

Merci Luun, je serais volontier revenue, mais pour ce soir, un sursaut d'orgueil m'en empêche. Pas comme cela. Et pas seule.

De toute façon je ne vais pas pleurer quelques malheureux louveteaux.

Les deux corps serrés l'un contre l'autre avait du mal à avancer,le vent et la pluie battante ne cessait de les frapper de plein fouet.
Gahériet approcha son visage de Kristal :"

Mon cœur je te sens tremblante, votre bâtiment est plus proche que celui du Lys, et pour être franc j'aimerai passer une nuit tranquille avec toi, et je sais qu'au Lys je serai assailli par les questions du gouvernement. Et ce soir je n'ai pas la tête à ça, je ne veux penser qu'à toi.

Je me lève pour partir. Quand je vois le temps qu'il fait dehors. J'hésite, mais il le faut bien. A ma grande surprise un perroquet arrive. Il est mouillé et ébouriffé. Je cherche qui semble attendre du courrier, il serait fort étonnant que j'en soit le destinataire. pourtant l'anima semble insister. A sa patte un étuis métallique fort bien ouvragé en fait, plus que ceux que l'on croise communément.

il porte même un sceau. Personne ne semble réclamer le volatile, je tente de récupérer la missive qui s'y trouve.

La lettre m'est bien adressée, élégante, c'est flatteur.

Je reprends une chaise pour la lire plus à l'aise. Mais cette fois-ci, je veille a me mettre dos au mur. un petit sourire se forme. La pluie me rebutant pur sortir, je décide de répondre sur le champ.

L'écriture n'est arrivée que fort tard dans mon éducation, elle reste laborieuse. Les mots me viennent facilement et mon sens de la réparti assez vif. cependant même si j'aime ses jolies phrases, elles restent cependant plus difficile à coucher sur le papier.

un oeil sur ma lettre, un oeil sur la salle, l'opération est délicate et laborieuse. Philou et un espagnol me trouvaient lettrée, ils ignorent le mal que je me donne pour arriver à ce résultat.

Kristal sourit à la proposition de Gahériet s'imaginant dans sa chambre seule avec lui. Il avait du temps à lui consacrer et elle ne tenait vraiment pas à rester là plus d'un seconde de plus pour pouvoir profiter pleinement de cet instant. Après la soirée mouvementée qu'elle avait eu, un peu de douceur serait le bienvenue

Ils partirent en direction de la demeure des Loups. Tout en marchant, elle repensa à Anne et à la raison de leur rapprochement, si on pouvait dire. Cette raison était là, sa main dans la sienne.
Lui semblait bien loin de tout ça, pourtant il avait un rôle important dans cette histoire. Kristal mourrait d'envie de lui demander des explications, l'image de Gahériet se penchant sur le visage d'Anne l'a hanté malgré toute la confiance qu'elle avait envers lui.
Anne toujours si ironique, lui avait laissé entendre certaines choses qui forcément allaient à l'encontre de ce qu'elle pensait.
Pourquoi ne lui posait elle pas la question tout simplement ? peut être la peur de le perdre ?

Il faudra bien qu'un jour tu connaisses toute la vérité sur leur relation, à défaut, la confiance que tu as, risque de s'émousser au fil du temps, et l'issue de ta relation avec Gahériet est toute vue.

A cette pensée, Kristal se serra d'avantage contre le corps de Gahériet, ce n'était pas le moment d'en parler, l'occasion se présentera bien. Ils s'approchérent de la taverne maudite et sans un regard vers la fenêtre, Kristal continua son chemin au bras de la personne qu'elle aimait plus que tout. Il ne restait que quelques métres à parcourir avant d'arriver à la maison des Loups.

-Tu as raison, journée, très intèressante, qui laissera des marques...

Je souris. Certes, des marques, il y en aurait de toutes sortes. Certains perdraient pas mal d'estime, d'autres se sentiraient plus "complet" ...
Je me rapprochais du feu et m'assis à même le sol, le dos appuyé à un pied de la chaise de Skuleth, la tête en avant et mes mains tendues vers les flammes.

- Tu ne trouves pas ça spécial d'avoir envie qu'une pirate revienne, alors qu'elle est censée être notre ennemie numéro un ?
Et encore plus bizarre que les Loups, d'ordinaire si soudés, se soient fachés pour une pirate ? La Tigresse, de surcroît ...
Je crois que ça mérite réflexion.

Je me lançais dans la contemplation de l'âtre, ses idées en tête.

Plus que le bruit, c'est l'ombre projetée sur le mur qui m'avait averti du danger.

Je me laissais tomber de ma chaise pour éviter le projectile -un bouteille de rhum vide - qui va s'écraser contre le mur au dessus de la tête.

Les rire fusaient, une tigresse à terre. Je m'en moque, ma vie passe avant ma dignité. et encore. Je me relève, en silence, lentement guettant les corsaires dans la salle.

Impossible de savoir lequel d'entre-eux à fait le coup.

Peu importe, quoi que j'ai fanfaronné tout à l'heure, il est hors de question que je combatte l'ensemble de l'assistance avinée. en plus ils ont du passer leur journée ici, sans rien fait, ils sont en pleine possession de leur moyen et un peu avinés. La prudence commande la retraite.

Malheureusement, ma présence en ville ne passera pas inaperçue. Quelle idée d'être venue ici. Anne tu vieillies ma belle.Impossible de trouver asile à l'église, il y aura bien quelques tordus pour m'y chercher comme dans toute la ville. Je n'ai plus qu'à quitter Port-Louis.

Lagardère avait payé la bouteille, je l'en remerciais intérieurement.

je repris mon sac, pas un de ces couards n'avaient bougé. Je sorti de la taverne et avec difficulté je quittais Port-louis tantôt poussée tantôt ralentie par les bourrasques de vent.

Je partais vers le seul lieu proche de cette ville où je pourrais rester à l'abri avant de monter le plus vite possible vers Esperanza.

Sing comptait sur nous.

J'arrive vieux frère, tient le coup et compte sur la solidarité des membres de la Confrérie !

Kristal et Gahériet arrivérent enfin à la maison des loups. Quand ils entrérent, elle vit que l'endroit était devenu quasi désertique, seuls Amandine et Skuleth semblaient discutés tranquillement près du feu.

L'ambiance y était redevenu calme et sereine, Kristal eut une pensée pour Anne
*Et bien ma chère, pour votre 1ère venue ici, je pense que vous vous en souviendrez, n'hésitez pas à revenir nous donner de vos nouvelles *

Puis elle se tourna vers Marc lui demanda une bouteille de champagne, deux coupes et entraina Gahériet vers les étages. Avant de refermer la porte de sa chambre, elle y accrocha avec un petit sourire un panneau en bois à destination des visiteurs éventuels :
*Ne pas déranger ...*