A boire !

Avant d'aller à table, Alex avait pris à part Kristal et lui avait demandé ce qui n'allait pas, elle n'avait pas envie d'en parler, pourtant, cela l'aurait peut être soulagé. Ensuite, elle prit part à la discution, ne manquant pas de dévisager Anne en toute discrétion, ce qui n'était pas le cas de la tigresse. Soudain, une odeur bizarre arriva jusqu'à ses narines,

Mais qu'est-ce que c'est que ...? Punaise, mes fondants au chocolat !!

Sans dire un mot, elle courra dans la cuisine, la porte se referma violement derrière elle. Là, elle put voir une fumée noire sortir du plat où était entreposé son délicieux dessert. Une maladresse de plus,
*décidement, je ne suis bonne à rien*

Ce qui venait de se passer n'était pas bien grave en soit, mais ce fut l'évenement de trop. Elle resta assise longuement, acccoudée sur la table, la tête entre les mains à pleurer comme une idiote.

Je me sentis partir, comme si mon esprit avait besoin de prendre l'air. Loin.
Les yeux dans le vague. A peine consciente du reste. Du monde. De tout.
Quelque chose, un mot, un geste, un acte ... Je ne sais quoi, m'avait rapellé le passé. Les souvenirs. La tristesse. La douleur.
Ils continuaient à parler. M'ignorant. M'oubliant.
Mais pour une fois, je ne leur en voulais pas.
Non, j'en étais même reconnaissante.
Ils passèrent à table.
Rigolèrent.
Se cherchèrent.
Krystal partit en cuisine.
Je remontais mes genoux contre mon buste et posais ma tête dessus. Les yeux fermaient, j'essayais de me calmer.
Inspire ...
Expire ...
Inspire ...
Expire ...
Inspire ...
Expire.
Cela ne suffisait pas.
La tristesse était là. Horrible.
Souvenirs.
Anne sortit. Suivie de Luun. Je n'arrivais même pas à sourire en pensant à la suite des évènements.
Nyaria débarassait la table, avec l'aide de Marc. Krystal n'était toujours pas revenue.
On craquait tous, aujourd'hui.
Je vis notre tavernier apportait une tasse de thisane encore fumante à Krystal.
L'acte de trop.
Tout se passa très vite.
Le besoin de m'échapper, de m'éloigner, d'oublier était là. Puissant. Irrévocable.
Ma vision se troubla. J'entendis ma chaise tombait par terre. Lourdement.
Le bruit de mes pas dans l'escalier.
Montant, montant, montant ...
La fenêtre au bout du couloir s'ouvrit. Je n'en eus pas conscience.
Je passais à l'extérieur. M'accrochant au lière. Prenant de la hauteur.
Encore.
Encore.
Toujours.
Je me retrouvais sur les toits.
Je dominais la ville.
Je me sentis revivre.
Refoulais les souvenis au fond de moi.
Ne pensait plus.
Me perdant dans l'abyme du paysage.
Il n'y avait que deux endroits où j'arrivais à le faire.
Sur la jetée, de préférence dans la tempête.
Et sur les toits. Dans la neige. Dans le vent.
Moi qui me croyais guérie ...

Amandine, Amandine, reprends-toi bon sang ! Tu avais promis, promis !

Je sautais de maison en maison. M'arrêter, éreintée.
Tombais à genoux.
Me recrovillée.
En boule. En foetus.
Là, je n'arrivais plus à me contenir.
Je lâchais tout. Une seule chose sortit.
Larmes.

Je passais la tenture les mains chargée des assiettes et couverts utilisés un peu plus tôt. J'avais vu du coin de l'œil Amandine, elle semblait blême, même si proche des flammes qui lançaient sur elle un reflet doré.
Je me débarrassais de ma charge encombrante et repassait la porte de la cuisine, mais elle n'était plus là. J'entendais ses pas précipités dans les escaliers, montant au dernier étage.

-"Amandine ?"

Décidément, cela n'avait vraiment pas l'air d'aller... Je montais à mon tour, la rejoignant. Le froid faisait rage soudainement dans le couloir, le vent entrainant avec lui quelques flocon. A cette vue, j'eu un frisson, et me précipitait à la fenêtre. Mon premier réflexe fut de regarder en bas. Le soulagement fut immédiat lorsque je ne voyais qu'un tapis de blancheur sous la fenêtre. Mais où était-elle alors ? Je regardais autour de moi et vis une partie du lierre dépourvu de neige. Serait-elle montée sur le toit ? Et bien... Elle n'a vraiment pas l'air d'aller.
Je pris une seconde de réflexion. Non, décidément, elle ne devait pas aller, et je sais à quel point la solitude peut être salutaire, mais aussi destructrice parfois.
Malgré le vent, je pris mon courage à deux mains et tentais de la rejoindre. Oh mon Dieu... qu'est ce qu'elle ne me faisais pas faire.....

Prenant mon temps pour ne pas tomber -bien qu'avec le manteau de neige en dessous, la chute ne serait pas trop fatale... mais quand même- j'arrivais enfin au toit avec un grand sourire... juste à temps pour la voir sauter sur un autre toit....

-"Oh non... Amandine... tu exagères..."

La par contre, je ne me sentais absolument pas acrobatique. Il n'y avait qu'un moyen... Je portais mes doigts à mes lèvres et fis retentir un puissant sifflement, assez vite emporté par le vent et la neige... -mais qu'est ce qu'il faisait froid...- Assez vite, une forme sombre se dessina et passa près de moi. Je désignais la forme sombre qui s'éloignait de toit en toit et l'oiseau parti à sa suite.
Bon... il me fallait redescendre... Amandine... je te jure... qu'est ce que tu me fais pas faire...
Tant bien que mal, j'y arrivais et repassais par la fenêtre. Je me secouais pour retirer la neige accumulée, complètement gelée. Je refermais la fenêtre, courrais dans ma chambre en essayant de retrouver la sensibilité de mes doigts et prenais une couverture et le reste de thé qui restait sur le poêle que je mettais dans une outre. Je descendais ensuite de façon précipitée, prenait ma capeline et celle d'Amandine toujours restée accrocher près de l'entrée... mon Dieu qu'elle allait avoir froid. Et passais la porte.

Dehors, je me dirigeais plus ou moins dans la direction qu'elle avait prise, guettant le ciel. De nouveau, je sifflais fortement. Après quelques instant, l'ombre tourna de nouveau près de moi, et lui fait un geste circulaire dans les airs, il pris alors une direction bien particulière et je le suivis en courant. L'oiseau se mis alors à tournoyer au dessus d'une maison. Par bonheur, celle-ci avait un accès vers le toit, j'empruntais donc l'échelle, plus que glissante, et vis rapidement une tache sombre à même la neige, recroquevillée... Je me précipitais vers elle et commençais à la prendre dans mes bras pour la couvrir de sa capeline et d'une couverture.

-"Amandine... mais qu'est ce que tu fais... tu es folle de partir comme ça par un temps pareil.... tu veux attraper la mort ou quoi ?"

La voix restait relativement douce, mais surtout chargée d'inquiétude envers la jeune louve qui était arrivée en même temps que moi.